jeudi 15 décembre 2011

La quête du bonheur continue de nous inspirer

Avez-vous déjà été amené à remplir un questionnaire sur le thème du bonheur dans la rue ? Si ce n’est pas le cas jusqu’à présent, cela pourrait très certainement vous arriver un jour ou l’autre...
Car le thème du bonheur est le sujet principal d’études contemporaines administrées au grand public, présentées sous la forme de questions types : “Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de votre vie actuellement ?”, notée sur une échelle de 1 à 10, ou encore “Dans l’ensemble, êtes-vous très satisfait, plutôt satisfait, pas très satisfait ou pas du tout satisfait de votre vie actuellement ?”.


Certes, la quête du bonheur remonte probablement aux origines de l’humanité. Cependant, un certain nombre d’observations convergent pour indiquer que la thématique du bonheur semble bénéficier d’un écho de plus en plus fort dans la société contemporaine.
Le thème relatif au bonheur inspire par exemple bon nombre d’artistes et de cinéastes. On n’oublie pas le tube de l’année 2004 “Tout le bonheur du monde” de Sinsemilia, ou encore des films tels que A la recherche du bonheur de Gabrielle Muccino (2007), La mélodie du bonheur de Robert Wise (1965), Fleurs d’équinoxe de Yasujiro Ozu (1958), Horizons perdus de Frank Capra (1937), pour ne citer qu’eux.





Autres personnages concernés par la quête du bonheur : les économistes, largement inspirés par les doutes actuels sur la capacité de la croissance économique à être moteur du progrès social.

Ajoutée à cela la multiplication des ouvrages promettant les clés du développement personnel, le succès de titres tels que Psychologies ou l’importance que la presse féminine accorde aux questions psychologiques, mais aussi la vague du “wellness” qui s’illustre aussi bien par l’engouement pour le yoga et ses dérivés ou la pratique des massages et de la relaxation que par le décollage des ventes de produits bio…

Pourquoi est-il si difficile d'être heureux ? de Jacques Salomé

Jacques Salomé est psychosociologue et écrivain. A travers son livre Est-il possible d'être heureux ?, l’auteur donne un certain nombre de clefs pour être heureux comme d’accepter à renoncer à être malheureux, à se victimiser ou bien être fidèle à soi-même.
Son livre explique la façon dont nous entretenons, avec habileté ou avec inconscience, des comportements, des attitudes qui vont déclencher ou entretenir chez l'autre des réponses négatives ou polluantes.

Il répond ainsi à la question “Est-il possible d’être heureux ?” : “Oui, cela est toujours possible, quelles que soient les difficultés que nous pouvons rencontrer ou traverser à un moment ou l'autre de notre existence. Il est possible de se rendre heureux en renonçant à se rendre malheureux.”

Le bonheur paradoxal de Gilles Lipovetsky

Gilles Lipovetsky est professeur de Français, agrégé en Philosophie. Il s’associe aux pensées postmoderniste, d’hypermodernité et d’hyperindivisualisme. Il s’est penché sur le bonheur et la société de consommation à travers son essai Le bonheur paradoxal. Cet essai s’intéresse au bonheur à travers la l’hyperconsommation, un bonheur blessé par la satisfaction de plaisirs privés débouchant sur un état d’abandon, d’abattement général de la société.

Il souligne que la consommation d’aujourd’hui est très individualisée, qu’elle permet d’échapper à tous les tracas quotidiens de la vie mais qu’elle est également trompeuse. L’hyperconsommation atténue l’effet de classe sociale. Les individus ne consomment plus en fonction de leur statut social.

Il traite sa pensée en présentant les trois grandes phases de consommation depuis 1880.
●Une phase de marketing de masse où l’individu n’est pas différencié dans un monde capitalistique de consommation ;
● Une phase “d’obsolescence programmée” dans laquelle les individus consomment pour affirmer leur classe sociale ;
●  Et une phase de consommation émotionnelle dans laquelle l’individu consomme pour lui-même. Les marques sont un moyen d’identification fort. L’individualisme prime ainsi plus que la recherche incessante de bien être.

Le monde actuel a vu une inflation des nouveautés, tout devient plus rapidement obsolète.
La consommation devient permanente et narcissique. Le consommateur recherche constamment la performance. L’écologie et le commerce équitable ne s’opposent plus à la consommation mais essaient de “faire avec”. Le bonheur ne progresse plus et le progrès n’est plus synonyme de bonheur. Le bonheur se caractérise par le matériel.

L’apprentissage du bonheur, principes, préceptes et rituels pour être heureux 
par Tal Ben-Shahar

Tal Ben-Shahar, professeur de 37 ans à la prestigieuse école d’Harvard, se présente comme un enseignant de la "psychologie positive". Cette discipline incite tout un chacun à repérer et à développer ce qui peut le rendre heureux.
 
Si sa discipline n’attirait que huit étudiants lors des premiers cours, elle attire un nombre croissant d’étudiants qui se bousculent pour pouvoir assister à ses cours, devant l’initiation à l’économie. Ce professeur qui intervient également auprès des DRH de grandes entreprises a également fait succès à Paris lors de  la sortie de son livre en Français.

Pour Tal Ben-Shahar, on ne peut pas être en permanence dans un état de bonheur. Il n’y a pas de recette secrète. On a intérêt à partir du principe que le bonheur est une ressource illimitée, et donc à se concentrer sur les différentes façons d'en puiser toujours plus. Et de se poser la question : comment puis-je être plus heureux que je ne le suis ?

La base de sa philosophie repose sur les rituels que nous nous instaurons, nous permettant de passer une meilleure journée. La pratique du sport par exemple, au moins trois fois par semaine à raison de trente minutes chaque fois, a le même effet, à terme, que le plus puissant des antidépresseurs.

Un des moyens par lequel le bonheur nous est plus accessible est aussi de passer plus de temps avec ceux qu'on aime. L'une des raisons pour lesquelles les gens sont de plus en plus déprimés, c'est qu'ils délaissent leurs proches au profit de leur travail.
A ce propos, la manière dont nous travaillons aujourd’hui n’est sûrement pas la plus productive. Au contraire, Tal Ben-Shahar préconise de travailler intensément pendant une heure trente puis se reposer et ainsi de suite plutôt que d’essayer de gérer plusieurs choses à la fois : ses mails, ses rendez-vous, les demandes de dernières minutes, etc.
Ainsi, pour Tal Ben-Shahar, le bonheur est accessible à tous, il est question du bon vouloir de chacun à aller puiser les ressources nécessaires à l’amélioration de son quotidien pour qu’il lui soit plus agréable.

L’utilitarisme, un mouvement qui repose sur la recherche du bonheur

L’utilitarisme, dont la finalité est le bonheur de tous, soutient que le bonheur individuel et collectif est la seule fin morale digne de ce nom. Pour John Stuart Mill, “le bonheur est la seule fin de l’action humaine et la promotion du bonheur est la pierre de touche qui permet de juger la conduite humaine ; de là s’ensuit nécessairement que le bonheur doit être le critère de la moralité.” Ce courant de pensée propose une morale rationnelle à la fois individuelle et collective pour évaluer les actions de chacun et plus largement les choix sociaux et politiques.
                                              
Il existe en France une forte hostilité à l’utilitarisme et même un Mouvement anti-utilitariste dans les sciences humaines (MAUSS).

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