jeudi 15 décembre 2011

La Musique et le Numérique

L’arrivée de la musique sur le web et les technologies associées au numérique ne date pas d’hier. On savait bon nombre d’artistes plutôt effrayés voire hostiles envers le numérique. Peur du piratage, crainte de perdre de l’argent, perte d’authenticité…Nombreux étaient les doutes quand au bienfondé d’utiliser les supports numériques mais qu’en est-il aujourd’hui ?

Un revenu plus important
Entre 2000 et 2010, le revenu moyen des artistes musiciens a augmenté alors même que le chiffre d’affaires de l’industrie musicale s’effondrait. On observe toujours une perte d’argent due au piratage mais elle est souvent compensée par l’attrait grandissant de la population pour les concerts en live. Ainsi, les artistes qui font le plus de scènes, de spectacles et de tournées, sont ceux qui voient leur revenu augmenter le plus fortement.

Le piratage divise toujours
Le débat autour du piratage est toujours d’actualité. Certains l’accueillent avec philosophie, sachant très bien qu’il permet d’augmenter leur notoriété et de favoriser la venue du public aux spectacles. D’autres restent scandalisés par les pertes engendrés par le piratage et réfutent totalement l’idée même de proposer leurs morceaux sur des plateformes musicales de téléchargement payant comme Deezer, Spotify...


Une appropriation du numérique forte
Certains artistes ont clairement compris l’intérêt d’utiliser le numérique dans la promotion de leur métier et se sont adaptés aux besoins et comportements des internautes. En 10 ans, de nombreux projets numériques ont fleuri : home studio, site web dédiés à la promotion des artistes (Blogothèque, Hiboo, Off TV…) Le numérique est réellement rentré dans le paysage musical et a créé de nouveaux types d’usages : prix d’un album laissé au choix des internautes, abonnements avec téléchargement illimité sur les plateformes musicales de téléchargement payant telles Deezer, Spotify, iTunes…
Certaines opérations organisées par les artistes sont à retenir notamment celle créée par le groupe Nine Inch Nails avec l’album Ghosts I-IV. Laissé en téléchargement gratuit aux internautes, cet album a connu un véritable succès commercial terminant en tête des meilleures ventes 2008 sur le site Amazon.
D’autres artistes ne doivent leur succès qu’à leur buzz sur Internet. C’est notamment le cas pour la chanteuse Yelle, Grégoire (par l’intermédiaire du sit My Major Company) ou encore du comique chanteur Max Boublil.
Le numérique permet également de développer la proximité auprès de leur public notamment grâce aux réseaux sociaux.
Pochette de l'album de Nine Inch Nails  disponible gratuitement en téléchargement

Une question d’état ?
La musique et son rapport au numérique est réellement devenue une question d’état aujourd’hui. Malheureusement, le gouvernement et autres structures publiques se contentent souvent d’une vision pessimiste et subjective, s’arrêtant aux méfaits du piratage. La loi HADOPI le prouve.

HADOPI, la loi qui crée la polémique

Il ne faudrait pas oublier qu’une partie de la responsabilité du téléchargement illégal est également dû aux fournisseurs internet qui nous donnent la possibilité de télécharger en grande quantité musique, film ou séries. Plutôt que de chercher tout le temps à punir les internautes, pourquoi ne pas mettre en place un système qui permettrait de reverser une partie du prix de notre forfait internet directement aux artistes et nous permettre de télécharger de la musique ?
Pour ma part, il est vrai que je télécharge. Par périodes, parfois beaucoup, parfois pas du tout, mais cet argent économisé me permet d’aller soutenir les artistes que j’aime en live, un soutien dont ils ont bien besoin dans cette période de crise de l’industrie musicale.


Source : « Portrait des Musiciens à l’Heure du Numérique », Maya BACACHE-BEAUVALLET / Marc BOURREAU / François MOREAU, éditions Rue d’Ulm

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